Il est temps d'explorer

LES PLANTES

Plantes et Lune : où en est la science ?

Le cycle lunaire joue-t-il sur la croissance des plantes ? Comment peut-on le vérifier, l’expliquer ? De nombreuses références nous parlent de l'influence des cycles lunaires sur les plantes. 🌕 Qu'en est-il des avancées de la recherche a ce sujet ? Quelles sont les pistes de réflexion et les données a avoir en tête ? 🌳

PODCASTDOCUMENTAIRE

8/28/20237 min read

Le cycle lunaire joue-t-il sur la croissance des plantes ? Comment peut-on le vérifier, l’expliquer ?

Plantes et Lune : où en est la science ?
Plantes et Lune : où en est la science ?

Dans cet épisode, nous allons vous faire découvrir les recherches qui se sont intéressées au sujet et ce qu’elles ont pu mettre en évidence ou non.

Pourquoi s'y intéresser ?

Depuis longtemps on pense que le cycle lunaire a un impact sur la croissance végétale. De nombreuses civilisations ont utilisé ou utilisent encore le cycle lunaire pour cultiver les plantes.

Des livres sont publiés tous les ans concernant les plantes et le cycle lunaire. Mais où en sommes nous, en termes de recherches scientifiques aujourd’hui sur ce lien ?

Pour aller plus loin :

Genèse :

L’influence de notre satellite naturel, la Lune, sur notre planète Terre est facilement observable par le phénomène des marées. Il semble que ce soit Isaac Newton qui, en 1687, ai décrit le phénomène d'attraction gravitationnelle des astres sur la Terre. Le soleil joue également un rôle dans ce phénomène des marées mais moindre car il est plus loin de la Terre malgré sa taille beaucoup plus importante.

Cette observation est malgré tout inégale sur Terre et en particulier dans les mers intérieurs pour lesquelles le phénomène des marées est quasi nul. Et ceci est dûe au fait que l’onde de marée accède difficilement à ces étendues d’eau. (comme une fourmi n’est pas écrasée nécessairement par notre pied, il y a une notion d’échelle pour être impacté par un phénomène/ évènement)


Les cycles lunaires auraient un impact sur le développement des plantes, la résistance aux maladies . Qu'en est-il réellement ?

“La Lune et le Soleil tiennent une place importante dans de nombreuses mythologies et légendes populaires à travers le monde. En particulier, les croyances concernant les relations entre les phases lunaires et le comportement de l'homme et d'autres organismes sont aussi anciennes que le patrimoine culturel humain, mais n'ont presque jamais trouvé de soutien scientifique solide [source en bas de page]”.

Donc, 

  • La lune est le satellite naturel de la Terre, elle met environ 29,5 jours à tourner autour. Sa présence entraîne une force d’attraction gravitationnelle, celle-là même à l’origine des marées . Elle émet également une lumière en réalité due à la réflexion des rayons du soleil sur sa surface.

  • Pour expliquer les savoirs qui se transmettent sur les cycles lunaires et les plantes, il faut remonter aux premières civilisations qui ont étudié les astres et établi les calendriers lunaires et solaires puis l’astrologie comme compréhension de notre univers.

En anglais :

  • l’attraction de la Lune est 300 000 fois moins importante que la force de gravité terrestre.

  • l’influence du cycle lunaire sur les marées est expliqué par la taille importante des océans, qui à l’échelle d’une plante est imperceptible à priori comme nous l’avons expliqué plus haut.

  • L’éclairement lunaire est 128 000 fois plus faible que le minimum d’ensoleillement d’une journée moyenne. Des recherches sur des plantes les plus sensibles aux radiations ont été faites et ne montrent pas d’effet réellement statistique.

  • En 1946, Cyril Beeson écrit un article dans Nature : « The Moon and Plant Growth », déclarant que ces croyances sont anciennes et mondiales mais ne montrent aucune preuve scientifique tangible pouvant montrer une implication dans l’agriculture. Cet article a marqué le début de nombreuses études scientifiques n’arrivant pas à conclure sur un effet net unique de la Lune sur la croissance des plantes ou leur comportement. Les recherches ne portant pas ou très peu leur fruit, ces articles sont peu nombreux finalement dans la masse des articles scientifiques disponibles aujourd’hui.

Malgré les croyances et mythes qui perdurent encore aujourd’hui, les recherches scientifiques ont montré qu’il n’y a pas de corrélation entre les cycles lunaires et la croissance des plantes qui pourrait justifier une prise en compte de cette donnée dans l’agriculture. Mais pourtant, moi habitant dans le sud, j’ai l’occasion d’être à côté de viticulteurs qui utilisent les cycles lunaires dans leur culture et les vins sont réputés comme étant parmi les meilleurs ! Quelle est la part réelle de cette influence ? Est ce plutôt le résultat d’un savoir local de culture ?
Toutefois, il est évident que les plantes, comme les animaux, ont une horloge biologique, mais cela est différent de l’impact du cycle lunaire sur la croissance. Diverses formes de vie ont développé des horloges internes leur permettant de surveiller le temps et d'anticiper ainsi les changements environnementaux quotidiens causés par la rotation de la Terre.


Prouver une hypothèse peut prendre plusieurs centaines d’années, cela dépend de l'avancée de la recherche. C’est par exemple le cas avec les oiseaux et les champs magnétiques. Les organismes d'une grande variété de taxons sont capables de détecter le champ magnétique de la Terre et de l'utiliser pour obtenir des informations sur la boussole afin de déterminer leurs directions de mouvement sur de courtes et de longues distances. Comment les oiseaux se repèrent lorsqu’ils migrent (sur des milliers de kilomètres) ? Grâce à de nouvelles études, nous savons que c'est une protéine découverte dans leurs yeux, qui leur permet de voir les champs magnétiques de la Terre. Littéralement, c’est une sorte de boussole interne qui leur permettrait de voir (au sens propre) le géomagnétisme : il s’agit de la magnétoréception.

Ici aussi, peut-être que nous ne voyons pas encore les paramètres qui font que le cycle lunaire influence la croissance des plantes ?D’ailleurs, Peter Barlow, un des botanistes et biologistes les plus respectés a consacré une partie de ses recherches à l’étude de l’effet de la gravité sur les plantes (mais aussi l’attraction lunaire ou sa luminosité, parmi tant d’autres sujets… intelligence végétale, développement des plantes, croissance des racines…).

Il a postulé que « La gravité est une présence de fond uniforme pendant le développement ; elle a clairement joué un rôle dans le cours de l'évolution végétale et animale, et les constructions biologiques sont maintenant en harmonie avec la force que la gravité impose. ». Il a beaucoup étudié le milieu interne des plantes mais s’est aussi intéressé au facteur extra-terrestre tel que la lune et son influence sur les phénomènes biologiques sur la Terre. (Chaffey et al. 2019). Une de ses études porte sur “La force de marée lunaire solaire et la croissance des racines des plantes, et certains autres de ses effets sur les mouvements des plantes” en 2012. Il a conclu que “Bien qu'il ne soit pas possible de modifier la force gravitationnelle luni-solaire ressentie par les organismes vivants sur Terre, il est possible de prédire comment cette influence luni-solaire putative variera parfois dans un avenir proche. Cela peut offrir des moyens de tester les prédictions sur les relations possibles entre la Lune et la plante.”

En termes d’expériences au laboratoire, plusieurs articles scientifiques se sont intéressés aux phases de croissances des racines d’arabidopsis et l’attraction solaire/lunaire. Il montre une corrélation entre ses phases de croissance et les marées. Un autre article décrit un lien entre les mouvements des feuilles de haricot et les marées toujours. Attention tout de même à la manipulation de corrélations qui parfois sont corrélées par hasard … Pour lui, c’est un défi pour l’avenir que de s'intéresser à la façon dont le système Terre-Soleil-Lune pourrait interagir avec les systèmes biologiques pour influer sur la croissance. Son hypothèse est que “Les réponses de croissance des plantes sont principalement provoquées par le mouvement différentiel de l'eau à travers les membranes protoplasmiques en conjonction avec le mouvement de l'eau dans le super-syplasme. C'est peut-être dans ce domaine des mouvements d'eau, ou même dans les formes physiques que l'eau adopte dans les cellules, que la force de marée luni-solaire a un impact sur les systèmes de croissance vivants.”

Pour conclure :

Il est à noter que malgré ces efforts de recherche, on ne peut, par définition puisque nous sommes sur Terre, s’affranchir d’un éventuel effet de l’attraction lunaire. Hors la démarche scientifique, souvent, tend à s’affranchir d’un paramètre pour en démontrer l’impact sur l’objet d’études.

Cependant, la communauté scientifique n’est pas indifférente aux expériences traitant de l’impact de la Lune sur la croissance des plantes. Par exemple, Frantisek Baluska reconnaît, je cite, que “les concepts, idées et découvertes de P Barlow contribuent non seulement à repousser les limites de la connaissance et à remettre en question les idées reçues, mais ils constituent également l'essence même de la science qui améliore notre compréhension des phénomènes biologiques et du monde naturel”.

Et effectivement, on insiste sur le fait que les plantes, de par leur structure, sont pour la plupart sessiles (fixées) et enracinées et ont donc développé au cours de l’évolution, des sensibilités uniques et originales leur permettant de percevoir et réagir de manière efficace à leur environnement.

Alors bien que les sciences du végétal apportent leur lot de connaissances qui nous permet aujourd’hui de percevoir les plantes autrement que comme on nous l’a appris, de nombreuses recherches méritent d’être approfondies et en particulier celles sur l’impact de la Lune sur leur croissance. Et là j’ai envie de dire “à vous de jouer !”